Le recours à l’acte chirurgical pour donner naissance est de plus en plus fréquent. Aujourd’hui en France, 1 enfant sur 5 nait par césarienne… Soit 3 fois plus que dans les années 70.
Pourtant les études démontrent que la plupart des césariennes auraient pu être évitées. Alors pourquoi ces abus ? Et quels sont les risques ?
Césariennes programmées vs césariennes en urgence : le constat
Les pourcentages des césariennes programmées et des césariennes pratiquées en urgence ont été calculés. Sur les 21 % de césariennes pratiquées, ce sont les césariennes prévues à l’avance qui sont majoritaires. Elles représentent plus de 11% des actes chirurgicaux. Les césariennes pratiquées en urgence, elles, ne sont qu’au second rang.
Ainsi, le premier constat est établi : de plus en plus de césariennes programmées sont réalisées. Mais sont-elles pour autant justifiées ?
Les critères
Pour déterminer si une césarienne doit être programmée, la Haute Autorité de la Santé (HAS) a défini un certain nombre de critères.
Ceux-ci permettent aux équipes médicales de savoir si la césarienne doit être impérative ou simplement envisageable. Il s’agit, en quelque sorte, d’une ligne directrice qui vient imager la définition de la césarienne. Celle-ci est définie comme un acte chirurgical qui doit être réalisé, au terme d’une grossesse, si l’accouchement par voie naturelle présente des risques pour le bébé et sa mère.
Les recommandations de la HAS sont les suivantes :
- Les césariennes doivent être automatiques lors de problèmes de placenta ou quand la mère a déjà subi trois césariennes.
- Pour tout le reste (présentation par le siège, grossesse gémellaire, transmission de virus, étroitesse du bassin…), il n’y a pas d’obligations de césariennes. La HAS laisse les équipes médicales se concerter entre elles et avec les patientes pour prendre la meilleure décision.
Les résultats
Il a été démontré que les caractéristiques d’intervention ne sont pas respectées.
Pour la plupart, les césariennes ont été pratiquées alors que la HAS ne recommande pas forcément l’opération. Par exemple, 70 % des césariennes ont été justifiées par une présentation du bébé en siège et 40 % ont été réalisées sur des femmes ayant déjà eu une césarienne alors que la limité fixée est de 3 césariennes déjà subies.
S’ajoute à cela le fait que la césarienne semble être indiquée automatiquement pour les femmes de plus de 35 ans et celles qui souffrent d’obésité.
De même, les naissances gémellaires ou celles qui sont le résultat de procréation assistée se font en grande majorité sous césarienne.
Pour résumer, le constat des pratiques de césariennes en France révèle de nombreux abus par rapport aux recommandations des autorités de santé.
On note également de nombreuses disparités : sur le territoire national, le recours aux césariennes dépendrait de la région, des arrondissements urbains et de la nature de l’établissement médical. Ainsi, les césariennes seraient davantage pratiquées dans les établissements privés, et plus en Île-de-France que dans le reste de l’hexagone.
Comment expliquer les raisons de tant de césariennes programmées ?
Comment expliques les abus de césariennes programmées ?
Si le pourcentage de césariennes programmées augmente d’années en années, ce serait pour des raisons purement pratiques.
Pour les médecins, pratiquer une césarienne serait moins risqué en cas de complications que dans un accouchement par voie naturelle. Cela leur éviterait la peur des procès. Ce serait d’ailleurs pour cela que les césariennes sont privilégiées pour les conceptions qui ont été difficiles.
La solution toute trouvée donc pour éviter d’éventuelles.
Néanmoins, les médecins ne sont pas les seuls « fautifs ». De plus en plus de femmes sont demandeuses de césariennes.
Par peur d’un accouchement par voie basse, pour préserver le fruit d’un long combat pour tomber enceinte, les médecins acceptent le recours à l’intervention chirurgicale sur demande de leurs patientes.
On parle alors de césariennes de complaisance.
Enfin, quoi de mieux que de pouvoir prévoir l’arrivée d’un bébé à date fixe ? Tant pour le personnel soignant que pour les futurs parents.
D’un côté comme de l’autre, accoucher par césarienne permet une meilleure gestion du temps. Plus de stress à avoir. Tout est planifié.
Pourtant, accoucher par césarienne, surtout si elle n’est pas nécessaire, présente des risques autant pour la mère que pour l’enfant.
Les risques de l’accouchement par césarienne
Pour rappel, la césarienne consiste à pratiquer une incision au niveau de l’abdomen et de l’utérus afin de récupérer le bébé. C’est une intervention chirurgicale qui se réalise sous anesthésie locale du bas du corps.
Comme tout acte chirurgical, il existe des risques qui peuvent être plus ou moins graves, autant pour la mère que pour l’enfant. Risques qui peuvent se produire au moment de la césarienne ou plus tard.
Césariennes et risques immédiats
Chez la mère
Au moment de l’intervention, il peut survenir des ruptures de la paroi utérine (de 0,1 à 0,5 % des cas) pouvant entraîner de fortes hémorragies, l’ablation de l’utérus, voire la mort de la patiente (inférieur à 1 %) ou du bébé (3 à 6 %).
Pendant l’incision, des organes voisins comme la vessie ou les intestins peuvent être malencontreusement endommagés.
Chez l’enfant
Des cas de détresse respiratoire sont recensés. Durant l’opération dans un accouchement par voie basse, le bébé est soumis aux contractions. Sa descente dans le col de l’utérus et le fait qu’il soit comprimé aide à la maturité de ses poumons.
La compression joue un rôle essentiel dans l’évacuation du liquide amniotique, présent dans les poumons.
Accoucher par voie basse aide l’enfant à prendre sa première inspiration.
Au contraire, par césarienne, les poumons sont encore gorgés de mucus, ce qui peut conduire à une difficulté respiratoire.
Enfin, autant chez la mère que chez le nouveau-né, il faut également avoir conscience des risques liés à l’anesthésie.
Césariennes et risques à long terme
De nombreuses voix s’élèvent contre les césariennes programmées. Elles considèrent que provoquer l’accouchement, ce n’est pas naturel. D’autant plus quand il n’y a pas d’obligations médicales à le faire.
L’accouchement, au départ, est quelque chose de simple, qui se suffit à lui-même. C’est le bébé qui, arrivé à maturité, décide de sa sortie.
Ne pas respecter ce processus aurait de nombreuses répercussions sur la santé du nourrisson.
Par exemple, de ne pas accoucher par voie basse prive le bébé du contact des bactéries vaginales de sa mère, les lactobacilles. Or, ces bactéries qui vont coloniser l’intestin du nourrisson jouent un rôle primordial dans la protection de sa santé.
Il a d’ailleurs été démontré que la flore intestinale des enfants nés sous césarienne et celle de ceux nés naturellement n’est pas la même.
De plus, une corrélation est admise entre naissance par césarienne, asthme et allergies. Tout cela en raison de la non-transmission des bactéries de la mère à son enfant.