Un témoignage poignant raconté par Anthélie TERROY à propos de son expérience sur la pré-éclampsie et le syndrome de HELLP :
Je ne suis qu’une femme parmi d’autre, et comme toute femme, j’ai vécu une première grossesse.
Cette première grossesse et ses conséquences m’a conduit aujourd’hui à témoigner de ce qu’une première grossesse peut apporter de joies mais aussi de doutes et de peines.
Mon livre, « La noblesse d’Arya », raconte en détails, les étapes qui m’ont conduites à témoigner. »
Mon histoire n’est, hélas, pas un cas isolé et j’espère qu’il aidera d’autres femmes, d’autres couples, à éviter l’issue dramatique que j’ai vécu.
C’est pourquoi j’aborderai à la fois mon expérience de la grossesse mais aussi les deux pathologies qui sont venues prendre ma fille, à savoir la pré-éclampsie et le HELLP Syndrom, et je vous ferai partager les informations qui m’ont été données et conseillées pour que les grossesses suivantes se passent au mieux.
Sommaire
La grossesse
Ma grossesse, nous en avons longuement discuté, nous avons pris la décision, et elle est arrivée rapidement après l’arrêt de la pilule contraceptive. En un peu moins de 3 semaines, je suis tombée enceinte et j’ai pu découvrir les joies d’annoncer une grossesse, de la vivre et de la partager avec les proches.
Le premier trimestre
Dès la nidation, j’ai su au plus profond de moi que j’étais enceinte. Je n’avais pas besoin de faire le test de grossesse, j’en étais absolument persuadée.
J’avais des nausées matinales, je ne gardais pas grand chose des aliments absorbés et mes seins étaient gonflés et plus sensibles qu’à l’habitude, je ressentais des moments de fatigue et des envies fréquentes d’uriner et de manger. Et pourtant, j’ai rapidement pris conscience que malgré tout cela, ma grossesse commençait étrangement.
Je prenais près de 2 kilos par mois et ça me semblait énorme vu le peu d’aliment que je gardais.
J’ai donc contacté, une fois le test positif, mon généraliste ou plutôt sa remplaçante pour connaitre les démarches à suivre. Echographie de datation facultative, prise de sang et analyses obligatoires, rien d’alarmant pour le moment. J’ai la chance d’être immunisée contre la toxoplasmose et la rubéole .
Cela me fait donc un soucis de moins.
L’échographie du premier trimestre, qui s’est mal déroulée car le praticien n’était pas réellement enclin à expliquer à une « grosse » (1m78 pour 93,5 kg après presque 3 mois de grossesse) les détails de cette première échographie et nous n’avons pas pu profiter de plus de 30 secondes d’écoute des battements cardiaques, montre qu’il n’y a qu’un bébé, que les mesures sont normales et la prise de sang pour la recherche de marqueurs de trisomie 21 revient rassurante, les probabilités que mon enfant soit atteint de trisomie 21 sont négligeables.
A l’exception de mon poids qui monte en flèche et des œdèmes aux jambes, qui nécessitent l’utilisation de bas de contention dès le début de la grossesse, tout semble se dérouler normalement et nous profitons pour tenter de créer des liens avec cet enfant à venir.
Hors de question pour nous de ne pas profiter de ces instants de bonheur en s’inquiétant plus que nécessaire.
Le second trimestre et la maladie
Aux alentours de 20 semaines d’aménorrhée, je ressens de nombreux malaises, des maux de tête continus bien que faibles, et les œdèmes semblent de plus en plus importants. J’en parle avec les professionnels de santé qui suivent ma grossesse, mais rien ne semble être grave.
Mes maux de tête sont surement dus à mon passé de migraineuse, les œdèmes de mon surpoids d’avant grossesse (IMC à 27), les malaises à ma tension qui vient de mon passé de fumeuse. Bref, tout trouve une explication.
Je me lance dans de nombreuses recherches sur la pré-éclampsie et je vois que sur les trois signes du tableau clinique de la maladie, j’en ai deux, les œdèmes et une tension élevée, que sur les facteurs de risques j’en ai quand même beaucoup et je me pose de nombreuses questions auxquelles la réponse systématique du corps médical est : « c’est encore trop tôt pour une pré-éclampsie, ça n’arrive jamais avant la fin du second trimestre et il est donc inutile de s’inquiéter, nous avons le temps de voir venir ».
Dans le doute, je suis hospitalisée à 23 SA pour comprendre d’où cela peut venir et faire des compléments d’examen. J’ai alors une protéinurie un peu au dessus des normes et ma tension est trop haute, il faut la stabiliser avec un traitement sur les conseils du cardiologue.
J’ai alors la possibilité de rentrer à mon domicile, malgré le fait que le tableau clinique de la pré-éclampsie soit aujourd’hui complet, avec des examens de contrôle programmés un mois plus tard pour s’assurer que mon bébé, ma fille Arya, se développe bien et que la grossesse se déroule correctement.
A 24 SA, je suis prise de fortes douleurs au bas ventre, ma respiration est difficile et je suis totalement désorientée. Mon compagnon et moi-même allons aux urgences de la clinique, celle que j’ai quitté 4 jours plus tôt. Je suis rapidement prise en charge, ma tension n’est pas stable, ma protéinurie explose, mes œdèmes aussi. En moins de 48h, je suis passée de 98kg à près de 120kg.
Je suis restée pendant 13 jours sous surveillance à l’hôpital et le 14 ème jour, le cœur de ma fille s’est arrêté In Utéro. Je suis alors passée par de nombreux sentiments. Ma présence dans un hôpital de niveau 3 m’a permis néanmoins d’avoir de nombreuses informations, une équipe efficace et un remarquable soutien.
Il a fallut déclencher un accouchement par voie basse et cela a été très long pour moi et mon compagnon. Savoir qu’il fallait passer par l’étape de l’accouchement alors que notre
fille ne pousserait même pas son premier cri, ni prendre son premier bol d’air, fût à la fois douloureux et libérateur.
Un fois que tous les examens physiologiques ont été réalisés, je suis rentrée à mon domicile, avec une impression d’abandonner mon enfant dans une pièce lugubre et froide. En effet, je n’ai pu la voir, car de l’avis du corps médical, elle n’était pas en très bon état et cela aurait été trop difficile à supporter pour nous, et je n’ai pas eu la force de l’inscrire à l’état civil pour le moment, l’hôpital ayant proposé la solution de s’occuper du corps.
Il est important de savoir que le fait de n’avoir pas eu à gérer les funérailles m’a permis de ne pas la déclarer dans les trois jours suivants l’accouchement, mais son inscription à l’état civil peut se faire quand je me sentirai capable de le faire. Il n’y a pas de délais pour inscrire un enfant mort né à l’état civil sauf si on désire passer par les pompes funèbres pour l’enterrement ou la crémation
Le deuil
L’arrivée à la maison fût pour moi une épreuve. Je n’avais jamais pensé que je reviendrais de l’hôpital sans mon enfant tant attendue. Mais il fallait avancer pour ne pas sombrer.
J’ai donc fais le nécessaire, le suivi de tension afin de m’assurer que ma tension reviendrait à la normal après l’accouchement, faire un test d’allergie à l’aspirine pour envisager une nouvelle grossesse, faire des bilans sanguins et urinaires pour contrôler que mon organisme fonctionne normalement, contrôler aussi les yeux afin d’adapter la correction visuelle et pour finir un nouvel examen physiologique à l’hôpital pour vérifier que tout l’appareil reproducteur soit en place.
Pour m’aider à comprendre et à accepter le deuil d’un enfant, j’ai aussi pris un rendez-vous avec une psychiatre. Sachez qu’il n’est pas simple de faire son deuil seule, qu’il est primordial d’en parler dans le couple mais aussi de se faire aider.
Il n’y a pas de honte à demander de l’aide et surtout chacune de vos attitudes, positifs ou négatives sont normales. Vous avez un deuil à faire, et vous avez le droit de dire que certaines attitudes, certaines remarques ne vous aide pas.
Vous avez aussi le droit d’en vouloir à certaines personnes, de vouloir chercher un ou plusieurs responsables ou même encore les raisons du drame.
Toutes ces questions ne trouveront surement aucunes réponses, mais elles font parties intégrantes du deuil.
La fin d’une grossesse, si douloureuse soit-elle ne signifie aucunement que vous ne pourrez pas avoir d’autres grossesses, il faudra simplement être plus attentifs et plus prévoyant.
Il n’y a pas de temps défini pour faire le deuil d’un enfant, il n’y a pas non plus de délais autre que physiologique pour relancer une grossesse, chacun à son rythme, chacun fait ses choix.
Personnellement, comme pour le cheval ou le vélo, je me dis que je vais laisser la nature faire et relancer une grossesse, pour ne pas que la peur me freine.
La pré-éclampsie
La maladie : définition et épidémiologie
La pré-éclampsie est une pathologie touchant près de 40 000 femmes en France chaque année, soit environs 5% des grossesses dont 65% des cas sont considérés comme évitables (d’après le comité d’expert 1995-2001) c’est la 4ème cause de décès maternels d’origine obstétricale.
La pré-éclampsie est difficile à dépister et à diagnostiquer précocement en raison d’un tableau clinique souvent incomplet, évolutif et dont certains signes cliniques peuvent être tardifs. La prise en charge de cette pathologie nécessite une approche multirisques.
L’hypertension artérielle est le principal signe d’un ensemble de maladies que l’on regroupe sous le nom de syndromes vasculo-rénaux de la grossesse.
La pré éclampsie représente l’une des premières causes de mortalité maternelle dans les pays développés. Sa fréquence se situe entre 2, 5 % et 6, 5 % dans les grossesses à bas risque, et entre 20 % et 25 % chez les patientes à haut risque. Son traitement final demeure l’arrêt de la grossesse et la délivrance du placenta.
Cependant cette action peut être à l’origine de complications fœtales, particulièrement en rapport avec une éventuelle prématurité. Devant toute pré-éclampsie , une évaluation de l’état maternel et du fœtus doit être réalisée rapidement en hospitalisation. Elle permet de graduer la pré-éclampsie en sévère ou peu sévère et d’orienter la prise en charge en tenant compte du terme.
La classification des pathologies hypertensives de la grossesse distingue 4 grands cadres nosologiques : hypertension artérielle chronique, hypertension artérielle gestationnelle ou transitoire, la pré éclampsie et la pré-éclampsie surajoutée.
J’ai vu que le plus souvent, dans l’hypertension artérielle gravidique, l’hypertension est isolée et ne présente pas de protéinurie mais il peut aussi s’agir d’un début de pré-éclampsie et il est primordiale de surveiller la protéinurie.
La pré-éclampsie associe hypertension artérielle et protéinurie > 0,3g/24h après 20 semaines d’aménorrhée, le plus souvent, la pré éclampsie est lié à une mauvaise implantation placentaire. La pré-éclampsie surajoutée intervient en plus d’une hypertension artérielle chronique ou d’une néphropathie chronique.
La définition actuelle consiste à associer hypertension artérielle et protéinurie alors que la définition classique indique que cela associe au moins deux des signes suivants : hypertension artérielle, protéinurie et œdèmes.
La pré-éclampsie résulte d’un dysfonctionnement du placenta qui assure les échanges entre le fœtus et la mère et la régulation hormonale de la grossesse. Le placenta fonctionne normalement dans les premières semaines de grossesse mais se développe anormalement après la 20ème semaine.
Elle doit être suspectée en cas de céphalées, vertiges, troubles de la vue ou lorsque le fœtus est trop petit par rapport à l’âge gestationnel
Les facteurs de risques : l’importance de les connaitre
La pré éclampsie lors d’une grossesse antérieure et l’hypertension artérielle préexistante sont des facteurs de risque.
D’autres facteurs de risques maternels existent :
- la primiparité (première grossesse : risque multiplié par 3
- un âge maternel supérieur à 40 ans
- une obésité (multiplie le risque par 1,5 environ)
- un diabète préexistant (multiplie le risque par 3 environ)
- la présence d’anticorps antiphospholipides (multiplie le risque par 9 environ)
- la notion d’une maladie thromboembolique
- d’une maladie rénale
- ainsi que la haute altitude
- une maladie génétique
- un antécédent d’ovaires polykystiques.
Le risque est augmenté en cas de grossesse gémellaire (et plus) avec une multiplication du risque par 3 environ et en cas de primipaternité (première grossesse d’un couple donné). Cette primipaternité fait évoquer un possible mécanisme de réaction au sperme, étayé par d’autres arguments.
La notion d’une hypertension artérielle gravidique dans la famille multiplie le risque de survenue par 3.
Les symptômes d’alarmes : l’importance de les détecter tôt
Dans la forme pluri-symptomatique, les œdèmes sont le premier signe, l’hypertension arrive ensuite.
La protéinurie apparaît en troisième. On parle de forme sévère si la tension est supérieure à 160/110, si la protéinurie est supérieure ou égale à 5g/24h, s’il y a une oligurie extrême (moins de 400ml/24h), s’il y a des signes fonctionnels d’hypertension (céphalées, digestifs : nausées, vomissements, barre épigastrique, troubles visuels, hyperexcitabilité neuro-musculaire, Hellp Syndrome).
De plus, il est possible que la pathologie fœtale se manifeste avant (retard de croissance in utérin : RCIU, troubles cardiaques) même que les premiers symptômes maternels apparaissent.
Il est important de savoir reconnaître la pré éclampsie rapidement en recherchant les signes fonctionnels : céphalées, troubles visuels, douleur épigastrique, réflexes ostéotendineux, métrorragies (hémorragie anormale de l’utérus).
Entre 20 et 32 semaines d’aménorrhée, on parle d’une apparition précoce et le pronostic fœto-maternel est moins bon et plus risqué de par le retard de croissance intra-utérin.
Les méthodes de détection
Depuis plusieurs années, il y a la possibilité de faire la recherche de biomarqueurs et de faire une corrélation avec les risques de pré-éclampsie et cela avant l’apparition des premières manifestations cliniques.
Ils sont au nombre de trois – PAPP-A, PlGF et sFlt-1 – et permettent d’anticiper l’évolution des grossesses à risques et d’orienter les patientes vers la bonne prise en charge thérapeutique.
Avant 16 semaines d’aménorrhées il serait donc possible de faire un dépistage de risque grâce à un logiciel de calcul de risques et à de nombreuses autres mesures lors de l’échographie, les facteurs de risques connus de la patiente ainsi que le dosage du PlGF et du PAPP-A.
Entre 20 et 37 semaines d’aménorrhées, le ration sFlt-1 / PlGF permet de prédire à 99,1 % l’absence de risque de pré éclampsie / Hellp Syndrome dans la prochaine semaine ; si le résultat est supérieur à 38, il y a 38,6 % qu’il y ait un risque d’apparition de pré-éclampsie / Hellp Syndrome dans les 4 prochaines semaines.
Au delà de 20 semaines d’aménorrhées, si le rapport sFlt-1 / PlGF est inférieur à 85, le diagnostic de pré éclampsie précoce à haut risques est confirmé. De plus, si ce ratio est élevé, il est significativement prédictif d’un risque accru d’accouchement imminent.
Les traitements possibles pour retarder ou stabiliser la maladie
Le traitement pour la pré-éclampsie consiste à donner des hypotenseurs et à faire un complément en unité de soins intensifs : sulfate de magnésie dans les formes sévères, remplissage vasculaire pour corriger l’hémoconcentration.
Cependant, le seul traitement réel de la pathologie est l’accouchement ou l’arrêt de la grossesse. En préventif, il est possible de prendre de façon précoce de l’aspirine à 100mg jusqu’à 34 – 36 semaines d’aménorrhées.
Il est important de savoir reconnaître la pré-éclampsie rapidement en recherchant les signes fonctionnels : céphalées, troubles visuels, douleur épigastrique, réflexes ostéotendineux, métrorragies (hémorragie anormale de l’utérus). Entre 20 et 32 semaines d’aménorrhée, on parle d’une apparition précoce et le pronostic fœto-maternel est moins bon et plus risqué de par le retard de croissance intra-utérin.
Les complications possibles
Dans les formes sévères de pré-éclampsie, les complications maternelles et fœtales évoluent de manière rapide et imprévisible.
Elles peuvent aboutir à des complications maternelles telles que Syndrome de HELLP, complications cardio-respiratoires, convulsions, hémorragies cérébrales, complications rénales, hépatiques et thrombo-emboliques et/ou des complications fœtales telles que retard de croissance in utero, défaillances rénales, prématurité ou mort fœtale in utero…
L’accouchement est la seule véritable solution thérapeutique pour mettre fin à la pré-éclampsie et il peut-être dans certain cas la seule solution pour sauver la vie de la mère. Cet accouchement peut être programmé par voie basse et déclenché par la prise de médicaments ou en cas d’urgence vitale par césarienne.
Le HELLP Syndrom
La maladie : définition et épidémiologie
Le HELLP syndrome concerne 0,5 à 0,9 % des grossesses, et 10 à 20 % des cas de pré-éclampsie. 70 % des cas de HELLP surviennent avant l’accouchement et essentiellement entre 27 SA et 37 SA. 10 % des cas de HELLP surviennent avant 27 SA et 20 % après 37 SA.
La cause exacte du HELLP reste peu connue et il est difficile de différencier ses mécanismes de ceux de la pré-éclampsie : en effet les signes du HELLP ne lui sont pas spécifiques.
Le mécanisme qui entraîne le HELLP syndrome est vraisemblablement le suivant : l’implantation de l’œuf fécondé dans la paroi de l’utérus ne s’est pas faite correctement. Cela a provoqué un déséquilibre des médiateurs permettant la constriction et la dilatation des vaisseaux au niveau du placenta.
Ces différents mécanismes provoquent des lésions de l’endothélium. Il y a alors libération d’une molécule qui va activer les plaquettes. Celles-ci s’accumulent au contact de l’endothélium lésé et libèrent une hormone provoquant une constriction des vaisseaux et une agrégation plaquettaire).
Cela engendre une diminution du nombre de plaquettes en dessous de 150 000 plaquettes/mm3. De plus, l’endothélium lésé ne synthétise plus assez de protéines permettant d’empêcher les plaquettes de s’agréger et former des caillots.
L’ensemble de ces processus vont faire que la tension artérielle va augmenter, le nombre de plaquettes va diminuer et il y’aura formation de caillots qui provoqueront l’ischémie. Il en résulte une activation anormale et généralisée de la cascade de coagulation déclenchée par la formation de caillots dans les capillaires sanguins, notamment au niveau du foie.
Ce processus de microangiopathie thrombotique entraîne un emprisonnement des hématies et une agglutination des plaquettes, et donc une ischémie des tissus du foie, des hémorragies intrahépatiques, puis une destruction des cellules du foie et une nécrose. Cette destruction entraîne une augmentation des transaminases qui sont des enzymes du foie.
Il est donc possible de contrôler par un simple bilan sanguin maternel, la présence ou non de soucis liés au Hellp Syndrom : une NFS, numération formule sanguine, montrera une baisse de plaquettes et une recherche de transaminases (TGO/TGP et GGT) qui elles seront augmentées.
Les symptômes et le diagnostique : les détecter et agir rapidement
Le syndrome HELLP peut être difficile à diagnostiquer car les symptômes sont variables et relativement peu spécifiques.
Cependant les principaux symptômes rencontrés chez une patiente souffrant de HELLP syndrome sont :
- douleurs dans la région haute du système digestif et qui irradient dans le dos, qui évoluent par crises souvent nocturnes
- nausées avec ou sans vomissements
- HTA gravidique
- œdèmes, notamment au niveau des membres supérieurs et inférieurs
- prise de poids incontrollable (pouvant aller jusqu’à 25kg en peu de temps)
- présence de protéine dans les urines (protéinurie)qu’il faut surveiller, sur les premières urines du matin, avec le volume d’émission urinaire journalier
D’autres symptômes moins spécifiques peuvent apparaître :
- syndrome grippal
<li>maux de tête (quotidiens, sourd et qui ne passent pas avec le doliprane)
- hyponatrémie (manque de sodium) sévère (il faut donc maintenir un apport en sel suffisant malgré la présence d’œdèmes)
- hypoglycémie due à la destruction des cellules du foie (qui peut entraîner une augmentation des besoins en alimentation)
- décollement rétinien (pouvant entraîner un trouble visuel : flou, mouche devant les yeux…)
- hémorragie digestive et/ou cérébro-méningée; phlébite (régulée par le port quotidien des bas de contention)
- embolie pulmonaire
- accident vasculaire cérébral
- insuffisance rénale
Afin de confirmer le diagnostic et surveiller la grossesse, il existe de nombreux tests d’imagerie médicale, notamment l’écho-Doppler pour l’artère hépatique et pour la visualisation de la quantité et du passage du sang dans le cordon ombilical afin d’évaluer la souffrance du fœtus.
La surveillance médicale lors d’une grossesse avec un HELLP est plus importante avec plus d’échographie, autant au niveau du fœtus que du foie de la mère. Les analyses de sang se font grâce à des frottis sanguins.
Les traitements possibles
Les objectifs de prise en charge médicale est de diminuer la constriction des vaisseaux sanguins et ainsi favoriser la circulation du sang.
Les traitements proposés sont :
- des antihypertenseurs si la pression artérielle systolique est supérieure à 150 mm Hg et/ou la pression artérielle diastolique est supérieure à 105 mm Hg
- des inhibiteurs calciques
- des α bloquants ou β bloquants
- transfusion de produits sanguins labiles(plaquettes si moins de 50 000 plaquettes/mm3, hématies si anémie grave et/ou plasma en cas de trouble de la coagulation)
du sulfate de magnésium (en cas de convulsion si pré-éclampsie). Il peut être administré de manière systématique car il dilate les vaisseaux et empêche les plaquettes de s’agréger. Il n’a pas d’effet nocif pour la mère et pour le fœtus - les corticoïdes : ils ont un intérêt pour le fœtus (maturation pulmonaire) et pour la mère (régression des signes cliniques et biologiques du HELLP syndrome) mais l’efficacité thérapeutique n’est pas encore prouvée
.
Les complications possibles
La mortalité maternelle est la complication la plus grave : elle survient dans 1,1 à 24 % des cas de HELLP syndrome. Il vient en plus des risques de mortalité de la pré-éclampsie et lorsque la patiente n’est pas prise en charge suffisamment rapidement et que les convulsions ne peuvent être stoppées malgré les traitements.
Les principales complications du HELLP sont :
- l’éclampsie dans 10 % des cas de HELLP
- le syndrome vasculo-rénal
- des hémorragies hépatiques et/ou cérébro-méningées
- un hématome sous capsulaire du foie avec un risque de rupture hépatique
- l’insuffisance rénale
- un œdème aigu pulmonaire
- un diabète insipide.
Il existe également un risque de récidive pour les grossesses suivantes d’environ 19 % et de 61 % en cas de HELLP < 32 SA. Le fœtus peut également être touché par des complications, notamment des risques de mortalité fœtale.
En cas d’accouchement prématuré, le nouveau-né s’expose à toutes les maladies liées à la prématurité.
Les futures grossesses
Les examens conseillés
Suite à une grossesse aussi compliquée, le plus important est de ne pas baisser les bras malgré les mauvaises statistiques. Pour cela, il vous sera sûrement conseillé de nombreux examens à réaliser dans les mois suivant l’accouchement :
- un bilan sanguin et urinaire (pour le contrôle des plaquettes, d’une éventuelle anémie, des transaminases et des anticorps irréguliers, de la présence de protéines et de sucre dans les urines)
- un bilan ophtalmologique (contrôle d ela vue et du fond d’oeil)
- les bilans d’allergie à l’aspirine en cas de doute
- un contrôle de l’appareil génital
- un contrôle cardiaque et tension (MAPA)
- une analyse ana-pathologique du placenta pour détecter d’éventuelles causes à la maladie (demandé par le bloc accouchement, les résultats vous seront communiqués par le praticien)
- Un rofil immunologique complet
Les nouvelles tentatives : quand?
On peut reprendre les tentatives entre 2 mois et 1 an. Cela dépendra surtout de la méthode utilisée pour mettre fin à la grossesse.
Par voie naturelle, la reprise des essais peut commencer autour des 2 mois suivant l’accouchement, par césarienne il peut être nécessaire d’attendre la cicatrisation complète de l’utérus et cela peut prendre un an ou plus suivant le terme de la grossesse interrompue.
Il est important cependant de tenir compte de l’avis et des conseils du gynécologue qui aura suivi la grossesse. Il est important aussi de discuter des souhait d’une nouvelle grossesse avec son compagnon et de ne pas tenir compte des avis de l’entourage.
Après tout, il s’agit de votre corps, de votre vie et de votre choix, qu’ils vous donnent leur avis pour se rassurer ou pour vous rassurer, seuls votre compagnon et vous-même êtes en mesure de savoir quels sont vos souhaits et vos désirs.
Le suivi des grossesses suivantes
Si vous aussi vous avez vécue une grossesse à risques pour la première, quelle qu’en soit l’issue, les grossesses suivantes devront elles aussi être ultra-suivies. Il ne faut donc pas hésiter à poser la question sur la façon la plus efficace d’être suivi par l’hôpital de niveau 3 de votre région.
Vous avez une raison d’être inquiètes sur le déroulement de vos futures grossesses et vous avez la priorité dans les centres de soins de niveau 3 au vu de vos antécédents.
Ceci dit, si vous choisissez un centre de niveau 2, sachez qu’ils pourront vous prendre en charge à partir d’un certain terme et que dans le cas où celui-ci ne serait pas atteint, vous serez transféré dans le niveau 3 le plus proche.
Les statistiques sont ainsi, mais il est important, si vous prenez la décision de relancer une grossesse, de profiter de cette nouvelle grossesse, cette nouvelle chance qui vous est donnée, tout en surveillant les différents signes afin de réagir au plus vite.
Conclusion sur la pré éclampsie
Que ce soit votre première grossesse ou non, il est important que vous fassiez attention à ce que vous ressentez. Vous seule pouvez juger de l’importance des symptômes que vous ressentez. La pré-éclampsie et le Hellp Syndrom ne sont qu’une infime partie des maladies de grossesse possibles.
N’hésitez pas à parler de vos doutes ou de vos inquiétudes aux personnels médicaux qui suivent votre grossesse. Et si, comme moi, vous avez vécu la perte de votre enfant, que vous avez l’impression que personne ne peut vous comprendre, sachez que vous avez le droit de vous exprimer, de vous recentrer sur vous-même et qu’un jour arrivera où seul les meilleurs souvenirs resteront et que la tristesse s’atténuera.
De plus, la communication dans le couple est importante, c’est pourquoi dans mon livre j’ai intégré la vision de mon compagnon.
J’espère que ce témoignage et mon livre permettra à de nombreuses femmes de reconnaître les signes de ces deux maladies, qu’ils permettront aux couples de mieux se comprendre et se soutenir.
Article écrit par Anthélie TERROY
Sources:
INSERM :
https://www.inserm.fr/ “pré-éclampsie”
CPAM :
https://www.ameli.fr “Pré éclampsie : origine et description”
ScienceDirect :
http://www.em-consulte.com “État des connaissances : prise en charge thérapeutique de la pré-éclampsie”
COBAS :
https://www.cobas.fr/ “Preeclampsie.pdf”
OMS :
http://apps.who.int/ “recommandations de l’oms pour la prévention et le traitement de la prééclampsie et de l’éclampsie”
CNGOF :
http://www.cngof.asso.fr “Prise en charge de la prééclampsie”